Je vous partage mon expérience et mes ressentis lors de l’ascension de l’Aiguille du Tour, une course d’alpinisme facile dans le Massif du Mont Blanc. Après une expérience mitigée aux Dômes de Miage, j’avais besoin de reprendre de bonnes sensations sur un itinéraire sans difficulté. La grande voie faite quelques jours plus tôt m’avait déjà remise dans de bonnes conditions.
J’ai choisi l’Aiguille du Tour. Pour moi, c’était l’idéal, car Thomas y était déjà allé quelques semaines plus tôt mais n’avait vu que des nuages. Il connaissait donc l’itinéraire (enfin, je croyais), la course est assez courte et sans difficulté. Ma seule bête noire étant le passage dans les rochers sur la fin que je souhaitais tenter avec les crampons pour me familiariser un peu plus au mixte.
Ce qui va suivre est mon récit personnel qui relate mon expérience. Si vous souhaitez avoir les détails techniques de cette ascension, direction Camptocamp.
Première étape de l’ascension à l’Aiguille du Tour : la montée jusqu’au refuge Albert 1er
Nous prenons la direction du refuge Albert 1er dans l’après-midi. Il fait une chaleur à crever, je subis. Nous mettons un peu moins de 3 heures pour monter là-haut. 7 km +1200, pas de répit, ça monte sec au soleil tout du long 🥵
Le refuge est immense et en plein mois de juillet, sans surprise, blindé ! En arrivant, je dis à Thomas de ne pas laisser la corde (neuve) avec nos chaussures. J’ai entendu dire que dans ce genre de grand refuge, les vols ou « les échanges » arrivent vite … il me dit que j’exagère mais bon, pas envie de prendre le risque avec du matos neuf !
Finalement quand je vois le comportement de certaines personnes, ça me confirme que les cons sont partout (exemple : l’incapacité de repartir avec ses déchets !)
Nous mangeons nos pâtes au pesto avant d’aller au dortoir très tôt pour s’isoler de tout ce brouhaha. Les lits sont confortables et je tente de m’endormir vers 20h car le réveil va sonner à 3h30 … mon sommeil est sacré, chaque minute compte. Cependant entre la chaleur du dortoir et les ronflements des voisins, la nuit n’a pas été si bonne. Prochaine fois, on essaiera de bivouaquer 😌
Une apprentie alpiniste vers le sommet de l’Aiguille du Tour
Nous faisions partie des premières cordées à partir. Thomas est un peu trop pressé à mon goût dès le réveil. Il faut aller vite et ne pas se faire dépasser par les groupes. Euh 🙄, moi j’aime bien y aller tranquille, ça va être compliqué cette affaire.
Je m’insurge et comprends le point de vue de Thomas quand un gros groupe est à deux doigts de marcher sur notre corde alors que nous commençons tout juste à repartir encorder sur le glacier.
Finalement, nous trouvons un rythme qui me convient (pause photos, pause je me déshabille car j’ai trop chaud, pause je me rhabille car il y a un peu de vent, pause je suis émerveillée, pause « attends je me détends»). Personne devant nous et les grands groupes sont loin derrière, parfait.
La marche sur le glacier ne pose aucun problème. Bien qu’il n’y ait pas eu de vrai regel à 2700m, plus on monte et plus la neige est compacte. Suivre la grosse trace aide aussi à marcher dans une neige plus tassée et donc dure.
Lever de soleil sur les glaciers et les sommets aux alentours de l’Aiguille du Tour
Le soleil se lève sur la belle Aiguille du Chardonnet, un de mes objectifs quand je serai plus endurante et confiante. Nous montons vers le Col Supérieur du Tour. C’est la montée la plus « raide ». Les derniers mètres au niveau du col sont en rocher. Petit moment idéal pour prendre confiance avec les crampons. A ma grande surprise, je suis beaucoup plus à l’aise que la dernière fois.
Une fois arrivée de l’autre côté, nous prenons pied sur le glacier du Trient. Nous sommes en Suisse. On voit le Cervin, la Dent Blanche, Le Weisshorn, le Dôme … des sommes qui nous rappellent le Chemin des Cols (notre trek de 750 km en Suisse en septembre dernier).
Les couleurs sont sublimes, la neige est dorée par le soleil. Nous voyons pleins de petits points noirs gravir différents sommets.
Je reconnais aussi la pente raide de la tête blanche et la petite fourche. Sa face nord, « parfaite pour l’initiation des grandes pentes » me fait très envie, mais les conditions se dégradent un peu plus vite chaque année.
Les derniers mètres de l’ascension de l’Aiguille du Tour
Nous arrivons vite au pied de l’Aiguille du Tour, où nous apercevons déjà deux personnes au sommet. D’autres sont dans la partie rocheuse (sans casque !). Nous changeons l’encordement et en voyant les piolets et crampons alignés en bas des rochers, je me tâte à faire de même …
Allez je garde mes crampons, c’était justement l’idée de cette course : c’est facile alors je m’habitue ! Thomas qui était venu là à la mi-juin, me dit qu’il avait un peu galéré sur une dalle en dessous du sommet. Mais qu’à deux et en s’assurant ça ira. Je vois cette fameuse dalle, un « gloup » me traverse la gorge et puis surtout je ne comprends pas trop pourquoi la cordée devant nous ne passe pas du tout par là ! Finalement, il se ravise et me dit « on va faire comme les gens, ça a l’air pas mal aussi». On croise alors une cordée qui est sur le retour. Ils nous disent que longer une vire sous le sommet jusqu’à rejoindre l’arête de l’autre côté (2 pas un peu aérien) se fait sans encombre et que c’est joli.
On se dit alors que Thomas n’était pas passé par là, la première fois. La recherche d’itinéraire n’est pas mon fort, que ce soit en escalade ou en montagne tout court. Je comptais ici sur mon binôme mais cette petite anecdote me fait bien réaliser qu’il me complique souvent la vie en montagne 😂. Alors oui je suis finalement peut-être un peu plus expérimentée avec nos erreurs d’itinéraires mais cela vient avec son lot de stress.
Nous arrivons au sommet de l’Aiguille, le sourire aux lèvres et le ventre presque détendu. La fin est assez vertigineuse mais je suis super contente, je n’ai pas paniqué et je m’en suis sortie comme une cheffe avec les crampons (bon vraiment, j’abuse car j’ai toujours l’air ultra crispée).
Mon expérience à l’Aiguille du Tour : on attaque la descente
Je m’en sors tellement bien que sur la descente, je me complique la vie et passe par certains passages plus difficiles (la lecture de l’environnement, mon point fort oui oui).
De retour sur le glacier, nous prenons une petite pause. Être là haut est un privilège et nous prenons le temps d’apprécier et de nommer et renommer les sommets qui nous entourent.
À l’approche du Col Supérieur du Tour, je regarde cette petite pente de neige qui a l’air assez raide et peu exposée. Je lance à Thomas « on pourrait essayer de monter jusqu’en haut ? ». Nul besoin de le motiver, c’est un grand oui. On part en corde tendue « droit dans le pentu » (comme ils disent par ici). La neige est encore assez bonne pour nous faire de bonnes marches et en quelques minutes, on arrive en haut.
Je regarde sous mes pieds et je perçois à peine les contours de la pente. Ça me rappelle des souvenirs. Petit arrêt photos, on redescend un peu et Thomas commence ses tests de glissade.
La cerise sur le gâteau pour moi fut ce petit « entraînement ».
Nous reprenons la direction du refuge Albert 1er, mon ventre commence à me signaler de plus en plus son mécontentement. Il faut que j’aille aux toilettes et j’ai faim. Thomas qui a pris de l’avance à la fin de la descente commence à s’inquiéter de ne pas me voir. Il arrive en panique alors que je venais juste de finir mes affaires aux toilettes 😅
Retour par les sentiers de randonnée depuis le refuge Albert 1er
Après une bonne pause, il est temps de retourner dans le four de la vallée (et de grand mère Saxo). Nous empruntons un chemin plus long que la veille. Mes genoux tirent un peu alors je privilégie un sentier moins escarpé.
Très bon choix, car cet itinéraire nous offre de beaux points de vue et en quelques heures nous sommes de retour à la voiture. Thomas sombre dans le sommeil alors que je nous ramène à la maison. Prudence jusqu’au bout, je ne roule pas vite car la fatigue est bien là. Les glaces nous attendent dans le congélateur. À 17h j’ai déjà dîner et je m’en vais comater avec le brumisateur.
Encore un beau moment dans les montagnes.
Une expérience de plus en alpinisme !
La course facile de l’Aiguille du Tour dans le Massif du Mont Blanc était parfaite pour prendre confiance, revoir les manip’ et profiter tout simplement de ce merveilleux environnement.
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