Le Mont Buet en raquettes

Le Mont Buet en raquettes ! En voilà une idée un peu folle que m’a lancé Léana, une expatriée en Haute-Savoie que j’ai rencontrée il y a quelques semaines seulement. Mais la vie fait bien les choses et il semblerait que l’on partage déjà quelques points communs !

Le Mont Buet est un sommet emblématique de la région de Haute-Savoie en France. Du haut de ces 3100 m c’est le spot idéal pour admirer les massifs environnants quand la météo s’y prête (et spoiler, la météo était dingue en ce 7 février 2023).

En septembre 2022, à la fin de notre périple sur le Chemin des Cols en Suisse, Thomas et moi-même sommes passés par là-haut. Il n’y avait plus de neige, seulement quelques petits névés par ci par là. Je m’étais alors dit que monter ici en hiver devait être une sacrée expérience. Seulement voilà, le ski et moi, nous ne sommes pas encore amis.

Comment faire alors pour profiter de la nature en plein hiver sans partir en ski de randonnée ? En raquettes à neige bien sûr ! Le défi était de taille : près de 2000 D+ et tout autant de dénivelé négatif. De quoi rentabiliser une journée de congé !

Partie 1 : les informations techniques à connaître pour tenter le Mont Buet en randonnée hivernale en raquettes

🗺️ Notre parcours pour aller au sommet du Mont Buet en raquettes

  • Distance : 17,5 km
  • Dénivelé : +1900 -1900
  • Départ : village le Buet
  • Temps : 11 heures incluant les pauses (6h30 de montée avec pas mal de temps de pause et 4h30 de descente tranquille mais sans trop de pause)

⚠️ Attentions aux zones avalancheuses au-dessus du refuge de la Pierre à Bérard : se référer au BERA, partir avec un DVA (savoir s’en servir), connaître l’environnement neigeux.

⚠️Prévoir du bons matériels pour le froid (j’ai eu la bonne idée de prendre mon camelback, en pensant que le soleil serait assez chaud pour que le tuyau ne congèle pas … mauvaise idée, même dans les bouteilles d’eau, ça a congelé !) + crampons pour les passages en dévers (le piolet n’est pas utile)

⚠️ J’ai loué mes raquettes TSL : modèle 325, top !

Nous avons suivi plus ou moins le tracé de ski de rando (tracé bleu sur la carte) jusqu’au sommet. Généralement le sentier était déjà bien fait, nous n’avons pas eu de problème de navigation. Pour le retour, nous avons suivi notre propre chemin “tout droit” car les skieurs nous ont brouillé les traces sur le retour 😝

Partie 2 : récit d’aventure de notre randonnée hivernale en raquettes jusqu’au Mont Buet

Un réveil matinale pour aller au sommet du Mont Buet en raquettes

Je me réveille à 4 heures du matin sans même avoir besoin de mon réveil. Je ressens la même excitation à chaque fois que je pars pour une nouvelle aventure. L’hiver passe si vite et avec la neige qui a tardé à s’installer je n’ai pas profité autant que je l’aurai souhaité. L’idée de passer ma journée dans la montagne, vivre le lever et probablement le coucher de soleil en plein air me ravie.

Je mange mes tartines, m’habille et me voilà en route pour rejoindre Léana aux Houches. La lune éclaire parfaitement le massif du Mont Blanc et le ciel est complètement dégagé. La journée s’annonce belle.

Nous prenons alors la route en direction du village du Buet. Le gros van orange de Léana monte avec brio le Col des Montets, nous n’avons même pas besoin des chaînes, tant mieux. Le nez à peine mis dehors sur le parking, je réalise qu’il fait plus frisquet par ici et je décide de partir avec toutes mes couches.

À 6h30, nous sommes prêtes à partir. Léana qui est devant commence à marcher d’un pas rapide si bien que nous doublons les randonneurs à ski qui sont partis quelques minutes avant nous. Nous marchons dans la forêt, le sentier monte progressivement mais nous n’avons ni besoin de crampons ni de raquettes pendant une bonne heure. Moi qui ne me mets pas souvent dans le rouge, j’ai vite chaud à ce rythme et je me retrouve à marcher avec seulement mon t-shirt mérinos. Je ne sais pas quelle était la température, mais l’eau a commencé à congeler dans nos bouteilles alors cela donne une idée !

Nous marchons à la lumière de nos frontales jusqu’à ce que les premières lueurs du jour apparaissent. On se retourne alors régulièrement pour admirer la vallée et les montagnes suisse. Le ciel se teinte progressivement passant du bleu au rose. C’est calme, les oiseaux ne chantent pas, seul un petit ruissellement de la rivière se fait entendre.

Nous arrivons bientôt au bout du vallon Bérard. Impossible de dire où se trouve le refuge car il est complètement recouvert de neige ! Nous suivons les traces des skis de randonnée. Parfois cela ce complique car elles partent dans tous les sens mais comme je suis venue ici il y a quelques mois, je m’épate à indiquer (le bon) chemin !

Nous décidons de mettre les raquettes

La neige devient alors de plus en plus dense et nous commençons à bien nous enfoncer. Serait-ce alors l’heure de chausser les raquettes ? J’ai beau préférer marcher sans, je dois avouer que je sens directement la différence … Nous continuerons notre ascension à bonne allure jusqu’à ce que le soleil nous réchauffe et nous décidons alors de faire une première pause goûter.

Les paysages sont sublimes et doux avec toute cette neige. Les quelques craquements lointain de la montagne nous rappelle que derrière ce manteau blanc se cache une nature plus dangereuse et imprévisible. Toutefois, nous avons bien vérifié les conditions et la journée semble vraiment propice pour cette ascension, en témoigne d’ailleurs le nombre de randonneurs à ski. 

Nous croisons de nombreuses personnes, toutes bienveillantes et encourageantes. Nous avons l’impression de faire un truc de fou alors que finalement la montée en raquette n’est pour l’instant pas si terrible et puis de toute façon on ne sait pas skier alors avons nous le choix ?

Léana est une flèche en montée et je tente de la suivre tant bien que mal. Moi qui suis habituée à mon petit rythme lent mais régulier, je suis un peu plus rouge que d’habitude. Le soleil y contribue également. Mon camelback n’a toujours pas décongelé mais mon surpantalon me donne l’impression d’étouffer avec les rayons du soleil.

Le sommet du Mont Buet approche

Nous nous arrêtons régulièrement pendant les derniers 400 mètres de dénivelé. On admire le paysage, je reprends de l’énergie, on grignote, on fait pipi à l’abri des skieurs (ou pas), on papote, on ricane. Une belle journée entre filles.

Avant d’arriver au sommet, il nous reste une dernière partie qui se révèle être assez éprouvante. Un gros dévers en raquette, très mauvaise idée. Nous ne pouvons plus chausser les crampons car la pente est vraiment raide. 

Nous n’avons donc pas le choix que de continuer tant bien que mal à avancer en essayant de ne pas glisser. Le sentier n’est pas vraiment exposé, si nous faisons un mauvais pas, nous glissons dans la neige sur quelques mètres avant d’arriver sur un grand replat. Cela me donne confiance et je me déplace tel un chamois sur le petit sentier où il est difficile de mettre une raquette devant l’autre (oui c’est probablement l’une des rares fois où je me suis sentie à l’aise tel un caprin). Léana se retrouve un peu plus en difficulté et adopte une technique plus fatigante pour avancer. 

On s’en sort sans drame et 6h30 plus tard, nous voilà au sommet récompensées avec un panorama de dingue. Une grosse corniche nous empêche d’avancer pour observer de plus près la vue côté Suisse. Il n’y a pas un brin de vent et on s’assoit un instant pour manger (encore) et prendre quelques photos. Les skieurs nous félicitent, c’est vraiment notre jour de gloire aujourd’hui. 

La redescente de cette randonnée hivernale

C’est l’heure de repartir si nous souhaitons rentrer avant la nuit. Nous chaussons directement les crampons et l’effort est bien moindre qu’à la montée. Je me sens pleine d’énergie pendant quelques heures mais la fatigue arrive vite alors que nous nous retrouvons désormais à l’ombre. Nous sommes partis tôt ce matin, le dénivelé négatif s’accumule et je baille toujours un peu plus. Les couleurs s’intensifient et nous admirons le massif des Aiguilles Rouges si imposant depuis le vallon Bérard.

Les skieurs nous narguent dans la descente. Ils se déplacent si vite et si facilement, c’est déconcertant, cela me donne envie. Un jour, peut-être, j’aurai un bon niveau de ski pour tenter ce genre d’aventure. Après cette journée, j’éprouve une grande fierté. Je partais sans grande conviction, incertaines sur nos chances de réussite pour arriver au sommet. L’effort était long et finalement éprouvant. Je suis arrivée rincé à la voiture, avec qu’une envie : prendre une bonne douche chaude (et boire boire boire, la brillante idée du camelback alors qu’il fait trop froid). 

Mais que c’est bon de vivre ce genre de moment.

Conclusion : randonnée hivernale en raquettes vers le Mont Buet

Pour conclure, le sommet du Mont Buet est bel et bien accessible en raquettes. Il faut tout de même être préparé à partir longtemps, à manger du dénivelé. Enfin, il faut également bien regarder les conditions météo et connaître le milieu montagneux pour minimiser les risques d’avalanches.

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