Partir en randonnée seule sur plusieurs jours quand on est une femme : bonne ou mauvaise idée ?

Je vais vous dire quelque chose : je me suis mise sérieusement à la randonnée, il y a seulement quelques années. La première fois que je suis partie seule c’était au Népal. Mes proches m’ont alors dit : “ce n’est pas dangereux pour une femme de partir seule en randonnée ?”

J’avais 23 ans et avec ma panoplie de la parfaite randonneuse, je suis partie en direction de Pokhara. 

C’était la première fois que je découvrais la montagne. Et je partais seule. J’étais fière. Encore aujourd’hui, j’en garde de merveilleux souvenirs !

Je vais donc aborder ici la question de la randonnée au féminin en solo. J’ai remarqué en échangeant avec certaines d’entre vous sur Instagram que la peur de s’aventurer seule dans la nature était un frein énorme. 

D’un point de vue sécurité, n’est-il pas préférable de partir avec un.e partenaire ? Y a t’il des risques de se faire agresser dans les lieux où on dort ? Bref, j’ai reçu tout un tas d’interrogations et je me suis donc dit que ça serait une super occasion d’écrire un article sur le sujet.

Dans cet article, je vais aborder 3 raisons qui ne devraient pas vous freiner de tenter l’aventure en solo. Partir en randonnée seule, c’est se donner l’opportunité de vivre une expérience qui vous rendra fière et ferra de vous une femme encore plus forte. 

“J’ai peur de me faire agresser si je pars seule en randonnée pendant plusieurs jours”

Les faits

Les chiffres sont criants : 86 % des Françaises ont été victimes d’au moins une forme d’atteinte ou d’agression sexuelle dans la rue au cours de leur vie.

FONDATION JEAN JAURÈS

Dans ce contexte, il est compréhensible que les femmes ressentent un plus grand sentiment de vulnérabilité quand il s’agit de partir seule en randonnée.

Je vais vous donner un autre chiffre que je trouve très choquant : 91% des agressions sexuelles (viols et/ou tentatives) sont commises par une personne connue de la victime. 

En apprenant ces chiffres je pense donc qu’il est important de déconstruire l’image que l’on peut se faire de l’aventure en solo féminine. Les risques d’agressions sont partout et malheureusement, comme le montre les chiffres, cela se passe bien souvent dans notre cercle privé. 

En fait, pour être honnête, cette peur, je l’ai toujours. Quand je pars seule en voyage ou en randonnée, je reste méfiante et toujours sur mes gardes. Je pense que c’est important de rester consciente de son environnement

Mais il faut avant tout se rappeler que les femmes sont des aventurières et exploratrices depuis des centaines d’années. Je pense par exemple à Annie Londonderry qui est partie en tour du monde à vélo en 1894 ou Alexandra David-Néel qui en 1924 fut la première femme occidentale à rentrer dans la capitale du Tibet.

Comment je réagis quand j’ai peur de me retrouver seule en randonnée ?

Quand ces pensées parasites commencent à arriver, je me pose ces deux questions :

“En quoi je risque plus de me faire agresser dans la forêt que dans la rue piétonne de ma ville ?”

Si vous partez en randonnée seule dans la nature, c’est bien pour vous retrouver seule non ? Alors oui, il y a de grande chance que vous croisiez quelques âmes humaines… Mais il est fort probable que ce soit des randonneur.e.s sympathiques comme vous plutôt qu’un homme malintentionné (pire un serial-killer) !

Et puis si on suit ce raisonnement, il y a donc plus d’humains en ville que dans la forêt où je randonne, il y a donc plus de risque de se faire agresser en ville que dans la forêt !

“Est ce qu’une personne mal intentionnée marcherait vraiment 20/30 km au milieu de nul part pouvenir m’agresser ?”

Souvent, j’ai peur sans vraiment savoir de qui ou de quoi ! Dans le fond, je pense que j’ai regardé trop de films d’horreur dans ma jeunesse.

Je me pose alors cette question ! Et quand j’y réponds mentalement, je souris… Car il y a peu de chance que quelqu’un vienne vous retrouver sur les sentiers d’un GR pour vous faire du mal.
Mais n’oublions pas non plus que des histoires dramatiques peuvent arriver.

Mes services de Travel Planner

Profitez d'une expérience sans souci ! Je suis là pour organiser et prendre en charge les recherches de votre prochain voyage 🌍

Retour d’expérience quand je suis partie seule en voyage ou en randonnée

Retour d’expérience “pas cool” : c’est une histoire qui m’est arrivé quand je suis partie en trek seule au Népal pour la deuxième fois.

Après un premier voyage de 1 mois au Népal en mars 2015, je décide d’y retourner quelques mois après le tremblement de terre pour y rester quelques mois. Thomas compte me rejoindre plus tard. En l’attendant, je décide de partir 2 semaines seule sur le mythique trek du Tour des Annapurna.Le premier jour, alors que je quitte le village de Besi Sahar, je m’aperçois qu’un jeune népalais me suit de loin. Les heures passent, je suis seule sur le sentier et je le vois toujours au loin et il finit enfin par se rapprocher. 

 

Je suis du genre à croire mon intuition dans ce genre de moment et clairement, je ne sens pas ce mec. Il a un regard pervers et fait des gestes malsains. Je le fusille du regard et lui dis sèchement que je n’ai pas envie de communiquer avec lui. 

 

Intérieurement, je ne suis pas sereine du tout et j’accélère le pas petit à petit pour le semer. Une trentaine de minutes plus tard, je rattrape un groupe de trekkeur. Je reste proche d’eux jusqu’à la fin de ma journée. Ce jeune népalais, je ne l’ai jamais revu. En y repensant maintenant, je pense qu’il était simplement alcoolisé et indécent, mais pas vraiment dangereux.

 

Le soir même, j’appelle Thomas et je ne suis pas très confiante pour la suite. Je me demande même si je ne devrais pas trouver un guide. Je me laisse la nuit et la journée pour réfléchir. Tout se déroule bien et je sympathise plus tard avec d’autres trekkeurs avec qui je partagerai quelques journées de marche.

 

Ce genre d’histoire de mec bourré et chiant je suis sûre que vous l’avez déjà entendu et ce n’était probablement lors d’un trek au Népal ? 

 

Le harcèlement existe partout. Il faut en être consciente, mais se priver de tant d’aventures est inconcevable. Comme toujours, n’oubliez pas de suivre votre intuition. Si vous ne le sentez pas, n’y allez pas !

 

Retour d’expérience “mémorable” : il y a tellement de belles rencontres que c’est difficile de n’en choisir qu’une. Pour celle-ci, nous allons rester au Népal. 

Si l’envie de découverte en solo est là, mon article a pour but de vous donner un petit coup de boost. Alors je vais vous raconter une rencontre mémorable que j’ai faite au Népal il y a 5 ans.

Je voyageais seule à cette période et je me promenais dans les rues de Thamel à Katmandou. Les Népalais sont chaleureux et adorent discuter avec les étrangers. 

 

Ce jour-là, je discute avec un monsieur népalais, guide de montagne à ces heures perdues. Il me propose d’assister à un mariage traditionnel le lendemain. J’accepte la proposition avec engouement et le lendemain, j’assiste donc à la cérémonie et je suis invitée à partager le repas avec toute la famille. 

 

Quelques jours plus tard, il me propose de venir avec lui dans son village pour rendre visite à sa femme et ses enfants. Ils vivent dans un petit village de montagne qui a été partiellement détruit par le tremblement de terre. J’accepte et j’en profite pour acheter un gros sac de riz et de lentilles.

Dans la foulée, je fais la connaissance d’un Australien sympathique et je lui propose de venir avec moi dans le village. Je me retrouve donc avec deux hommes inconnus en direction des montagnes népalaises. Pendant ces quelques jours, je vis probablement l’une de mes plus touchantes expériences perdue dans ce petit village, loin de la civilisation et du WiFi. 

 

Les enfants sont surexcités et me collent toute la journée. Ils me regardent tous avec stupéfaction : je leur ressemble quand même beaucoup, mais je suis bien plus grande et puis surtout, je ne parle pas la même langue qu’eux. Cela nous vaut quelques fous rires. 

 

Nous passons la nuit avec toute la famille, allongés sur le sol les uns à côté des autres. 

J’ai également fait de très belles rencontres en randonnée, mais c’est celle-ci que j’avais envie de partager avec vous au moment d’écrire cet article.

Conseil pour surmonter cette peur

  • Partir seule en randonnée à la journée : cela va vous permettre de découvrir un nouvel environnement et prendre confiance. J’ai écrit cet article pour vous donner quelques conseils quand on débute la randonnée. 
  • Commencer par des randonnées en itinérance avec nuit en refuge : c’est une très bonne idée pour y aller en douceur. En ayant l’assurance de dormir en refuge le soir, vous appréhendez probablement moins les journées de marche. Et une fois que vous serez plus sereine vous pourrez partir en bivouac ou un peu plus hors des sentiers battus. 
  • Avez vous pensé à vous inscrire à des cours d’auto défense ? Cela peut vous permettre de prendre confiance en vous (même si je vous rassure vous n’aurez certainement pas besoin de pratiquer une technique apprise en cours !!)

Conseil pour éviter les problèmes

  • Informer toujours un proche de votre itinéraire
  • Partez avec un téléphone chargé

Mais surtout détendez vous et profitez de ce moment de déconnexion dans la nature rien que pour vous !

“J’ai peur de dormir seule dans la nature”

D’une part, la peur de dormir seule dans la nature est un peu similaire à la peur de se faire agresser. Mais c’est aussi probablement la peur de dormir sous une toile de tente : on ne se sent pas forcément protégé et en sécurité. 

 

Une petite astuce qui fonctionne pour moi pour vaincre cette peur est de me dire : quand je suis enfermée dans ma tente, comment peut-on savoir, qui il y a, à l’intérieur ? Je pourrais très bien mesurer 2 mètres et peser 100 kilos !

 

Une autre petite chose que je fais : garder mon Opinel toujours près de moi… Je m’en sers plus pour éplucher mes légumes que pour me battre contre un ours, mais bon … C’est rassurant !

D’autre part, quand on dort seule sous sa toile de tente nous nous retrouvons DANS la nature. Et dans la nature, il y a des sons méconnus et pleins de bestioles. Cela peut donc aussi être source d’angoisse au début. Mais rassurez vous après votre première expérience réussie en bivouac, vous n’aurez qu’une envie, c’est de repartir !

 

Retour d’expérience : je suis partie seule une semaine sur le GR10

C’était la première fois que je partais en randonnée en itinérance seule avec ma tente. J’appréhendais vraiment le moment de la nuit, seule, dans la nature. Je quitte Banyuls (le début du GR10) en début d’après-midi. Le stress du départ laisse place à l’excitation. Je ressens déjà beaucoup de fierté et d’accomplissement à faire ces premiers kilomètres seule. Tellement fière que je marche un peu trop vite ce jour-là. 

 

J’arrive dans une petite hut un peu vieillotte au milieu de nul part. Il n’y a pas d’autre marcheur ce jour là. Exténuée, je m’endors dans la cabane après avoir mangé deux bouchers de mon sandwich. 

Je me réveille plusieurs fois la nuit, car il y a beaucoup de bruit dehors. Mais je suis tellement fatiguée que je n’ai même plus la force d’avoir peur ! Le lendemain matin, je m’aperçois qu’un sanglier s’était bien amusé la veille à retourner toute la terre !

 

Conseil pour dormir seule en toute sécurité 

  • Pensez à regarder la météo avant de partir en bivouac. 
  • Essayez de trouver un endroit abrité du vent pour poser votre tente.
  • Si vous n’aimez pas partager votre tente avec des petites bêtes, préférez une tente avec une chambre moustiquaire plutôt qu’un tarp (plus léger certes, mais plus “wild”)

Le risque de se blesser et d’avoir un accident \

Un dernier petit paragraphe pour parler de la peur de se blesser. C’est très bien de penser à toutes les éventualités, cela permet de partir ensuite plus sereine.

 

En Haute-Savoie, voici la répartition sur une année civile des accidents, selon la pratique : 33 % de randonneurs, 20 % de randonneurs à skis et de skieurs, entre 10 et 13 % de parapentistes et de base-jumpers, 8 % de VTTistes, 25 % de grimpeurs et d’alpinistes. 

Montagne Magazine

 

Il y a des risques quand on pratique la randonnée, dire le contraire serait ridicule. Cependant en prenant quelques précautions ces risques peuvent devenir minime. 

 

Conseil pour partir seule en toute sécurité

  • Se renseigner sur les conditions météorologiques
  • Donner son itinéraire à un proche
  • Dans certains endroits reculés un PLB (balise GPS) peut sauver la vie
  • Etre humble et consciente de son niveau : il est préférable de commencer par des randonnées peu engagées et fréquentées
  • Être bien équipée pour faire face aux intempéries
Trek des Annarpuna en solo

Conclusion : Alors oui c’est une bonne idée de partir en randonnée seule sur plusieurs jours quand on est une femme

La vie comporte des risques. Conduire sa voiture peut être risqué. Manger son petit déjeuner peut être risqué (oui oui on peut s’étouffer !). Généralement nous avons peur de choses qui ont une probabilité très faible d’arriver. 

 

Le plus important est de partir préparée et consciente. Marcher seule nous force à repousser nos limites, à s’écouter et à se débrouiller. J’en retire personnellement beaucoup de satisfaction alors je n’aurai qu’une chose à dire : osez !

 

Privilégier la location de votre matériel de randonnée si vous ne partez que quelques jours par an en solo !

Dite moi en commentaire si vous êtes déjà partie seule ? Et si ce n’est pas encore le cas, ça vous tente comme expérience ? A très vite.

 

Related posts

J’ai trouvé le meilleur chalet à St-Gervais-Les-Bains pour passer des vacances entre amis ou en famille !

Ma liste de vêtements randonnée / trek quand je pars plusieurs jours 🏔️🏕️

Idées cadeaux pour les randonneurs et voyageurs

12 comments

Claire 08/12/2020 - 07:47
Super article ! Merci pour tous ces conseils :)
Gersey72 29/12/2020 - 01:25

J ai adoré ton article.J ai 48 ans et je pratique la randonnée, le trek même mais je n’ai jamais osé m aventurer seule pour un bivouac alors que j adore ça.Si randonner à la journée seule me pose pas de soucis , dormir seule m effraie et pourant il est tellement difficile de trouver des femmes qui veulent se lancer à deux que je n’ai plus le choix que de le faire seule car je me prive d un plaisir certain .J ai lu tous tes conseils très éclairés et t en remercie et vais suivre , un d entre tous.Celui de commencer par un trek fréquenté .Merci et prend soin de toi

Gwendoline 01/01/2021 - 01:38
Merciiiii beaucoup pour ce commentaire, ça me fait très plaisir ! Bonne année et belles randonnées en perspective !
Gwendoline 23/02/2021 - 05:11
Hello ! Merci pour ton commentaire. Profite bien de ta prochaine aventure 🙂
Jacqueline 18/02/2021 - 16:54

Merci beaucoup pour votre description.
En ce moment, je prépare un bivouac sur une semaine en France. Le lieu n’est pas défini.
Cordialement

Gwendoline 23/02/2021 - 05:12
Bonjour Jacqueline ! Super ce projet ! Il y a l'embarras du choix en France, une chose est sûre ça va être top !!! Bon trek ☺️
Anaïs 24/07/2021 - 18:42
Merciiiiii. Après trois mois de vadrouille en sauvage, je me suis toujours débrouillée pour dormir à côté d'autres tentes. Aujourd'hui je repars sur la route, avec l'envie d'affronter cette angoisse qu'est la nuit seule dehors ! Alors merci pour ton partage, c'est précieux.
Gwendoline 26/07/2021 - 08:02
Merci Anais pour ton commentaire ! Reviens par ici pour me dire comment s’est passé ta nouvelle aventure en solo 👌
Mathilde 21/08/2021 - 23:18
Génial ton article ! Je commence un peu la randonnée en Nouvelle Zélande, j'avais jamais dormi en hut de ma vie avant, c'est maintenant chose faite ! Je voyage seule en van (ça aussi j'avais un peu peur au début), mais randonner seule je n'ai encore jamais osé ! Peut-être la prochaine étape ? C'est effectivement la peur de me blesser et de ne pas avoir d'aide oui. Et je me motive beaucoup moins seule haha ! Mais tu me donnes envie d'essayer :)
Gwendoline 22/08/2021 - 01:00
Merci beaucoup !!!! Ohhh mais oui tu dois te lancer seule au moins une fois ici !! C'est vraiment le pays idéal, les sentiers sont balisés, pas de faunes dangeureuses (sans parler des sandflies haha). Y'a vraiment pleins de petites randonnées idéales pour ça :) Peut être qu'on se croisera sur les sentiers de l'île du sud alors !
Christiane Fouquet 27/05/2022 - 06:15
Bonjour. Merci de dire tout haut ce que l on dit tout bas. Et ce que je pense également. Je marche seule car je ne trouve pas de gens disponibles pour m accompagner et peu de gens autour de moi aiment marcher. Je n' ai donc pas le choix. Finalement j aime bien ça. Je n' en suis pas encore a dormir sous ma tente en pleine nature.j espère qu un jour j' aurai le courage de le faire. Oui faisons comme on le sent. Merci.
Ginette Lussier 20/04/2023 - 18:32
bonjour, J'ai fait plusieurs treks longue durée en autonomie, accompagné d'un ami, seulement pour me rassurer car il y a longtemps que je rêve de trouver la force de marcher en solo. Mais cet été, j'aimerais oser la grande aventure, seule sur les cols alpins de la Suisse. Plus ou moins 40 jours de randonnées que j'aspirerais à faire en bivouac. Mais comme plusieurs femmes, j'imagine... j'ai cette boule au ventre qui me retiens de faire le grand saut et en même temps une énergie qui m'envahit et qui me dit `` vas-y, ne réfléchie pas et fonce, c'est dans l'action que tu sauras dépasser ta peur``... On me dit de commencer par de petites expériences, mais comme je viens du Québec et que je ne peux venir qu'une seule fois par année en Europe, alors j'en profite pour expérimenter les joies de la haute montagne sur plusieurs semaines. Je me souhaite vivement de vivre ce genre d'expérience qui j'en suis convaincue, sera des plus formatrice pour mon épanouissement personnel. Merci pour tes précieux conseils
Add Comment